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DU BRIGAND
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nera avec quelle joie et quelle frayeur en même temps, Bouleau entendit quelques moments après des coups précipités à la porte ; il regarda Lampsac et Mouflard d’un œil triomphateur qui semblait leur dire : Eh bien ! êtes-vous convaincus à présent ?

— Aux armes ! dit Lampsac à demi-voix, massacre sur tout le monde ! Puis s’approchant de la porte, il cria de sa grosse voix enrouée : Qui va là ?

— C’est moi, pendards que vous êtes, répondit au dehors une petite voix grêlée et coupée.

Lampsac reconnut cette voix, car il s’empressa d’ouvrir une petite porte épaisse qui roula sur ses gonds rouillés et laissa entrer un homme de moyenne taille, armé d’un poignard et portant un chapeau de paille à bords relevés, un gilet de drap bleu, des pantalons de futaine grise. Malgré ce déguisement, les brigands n’eurent pas de peine à reconnaître leur grand chef ; ils portèrent la main à leur bonnet et lui firent un salut moitié civil, moitié militaire.

Cet homme était maître Jacques, que nos lecteurs ont déjà rencontré à l’auberge du faubourg Saint-Louis.

En entrant, maître Jacques jeta autour de l’antre un regard scrutateur, puis se laissa tomber sur une vieille chaise bourrée qui lui était destinée, et après avoir ôté son gilet, il tira de sa poche une liasse de vieux papiers qu’il se mit à feuilleter avec attention.

Après cet examen silencieux qui dura un bon quart d’heure, maître Jacques se leva et après avoir fait trois ou quatre tours dans la caverne :

— Eh bien ! enfants du diable, dit-il en s’adressant aux brigands, comment va la besogne à présent ? Où est le père Munro ?

— Il est parti depuis ce matin, dit Lampsac en s’inclinant respectueusement.

— Qu’avez-vous fait depuis que je vous ai vus ?

— Pas grand’chose ; nous sommes guettés de