flexions sur ce qu’il venait d’apprendre. Qui l’aurait pensé, se dit-il en lui-même, maître Jacques n’est pas le père d’Helmina ! et pourtant cette lettre… l’impression qu’elle a faite sur lui… il n’y a pas à en douter. Pauvre Helmina ! quand elle va l’apprendre ; quand elle va savoir que son père est mort, qu’elle est maintenant sous la domination d’un homme qui l’aime, et qu’elle ne peut aimer ; comme elle va pleurer, lorsqu’il lui faudra, ou épouser un monstre et abandonner un jeune homme aimable, bien fait, qu’elle adore, ou bien mourir sous la domination d’un brigand. Oh ! elle va mourir, c’est certain.
Non, non ; il ne sera pas dit que Maurice, tout scélérat qu’il soit, ait pris part à un crime aussi infâme, contre une enfant, un ange comme Helmina. Si je me trouve dans l’impossibilité de l’empêcher, du moins je ne veux point y mettre la main.
Allons Maurice, voilà le jour sur le point de paraître, au diable ta maison d’ici à après-demain soir. Pauvre maison ! comme je vais la trouver vide ! Et Madelon, comme elle va s’ennuyer ! Et Julienne, la pauvre petite, être obligée de partager la douleur d’Helmina, parce qu’elle a su partager son amitié. Non, non, encore une fois, je veux périr à tout jamais si je m’enfourne dans une pareille mêlée. Au diable maître Jacques, qu’il s’arrange comme il voudra.
Et Maurice reprit le chemin de la ville.
Ces réflexions pourront peut-être paraître déplacées dans la bouche d’un homme aussi dépravé que Maurice ; mais nous ferons remarquer que, quoique adonné depuis longtemps au crime, Maurice n’était pas encore tout à fait endurci. Il conservait encore en lui un reste de pitié, de compassion, surtout pour les malheureux qui n’étaient pas capables de se défendre. Maurice ne s’était jamais distingué dans les actes d’une férocité brutale ; bien loin de là, il était tendre et sensible, jamais il n’avait encore pris part aux crimes des autres brigands. Seulement il savait tout : maître Jacques,