Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/102

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la lettre s ; 2o que le milieu de ma langue touche presque à mon palais ; 3o qu’elle s’étend et vient comme frapper mes dents molaires ; 4o qu’elle laisse à l’air assez de passage pour sortir directement de ma bouche, et n’être point obligée de descendre perpendiculairement comme il le fait, lorsque je prononce la lettre s. Le sourd-muet aperçoit très-clairement cette différence, parce qu’en mettant sa main vis à vis de ma bouche, l’air vient la frapper directement lorsque je prononce la syllabe cha.

Je mets alors mon doigt dans sa bouche, et lui faisant faire ce que j’ai fait moi-même, il prononce cha et ensuite ché, chi, cho, chu ; mais pendant un temps plus ou moins long, il revient toujours au sa, sé, si, so, su, tant qu’il n’a pas lui-même son doigt dans sa bouche pour diriger les opérations de sa langue. Ce n’est que par l’habitude qu’il apprend à se passer de ce moyen.

Ja, jé, ji, jo, ju est l’adoucissement de cha, ché, chi, cho, chu, et s’enseigne, comme les autres adoucissemens, par la différence de la pression, avec de l’usage et de l’attention, tant de la part du maître que du disciple.

Mais voici de quoi exercer notre patience. J’écris sur la table