Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/122

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qu’ils s’en lasseraient bientôt. En se rabattant au niveau des maîtres d’école ordinaires, on en trouvera qui s’y appliqueront assiduement et persévéramment, pourvu que cette occupation forme pour eux un état dont ils soient certains jusqu’à la fin de leur vie ; c’est le seul moyen d’y réussir.

S’il se trouve, en province, quelque père ou mère, maître ou maîtresse, qui ait un sourd-muet dans sa maison, et qui ne soit pas en état de comprendre tout ce que j’ai expliqué le plus clairement qu’il m’a été possible, sur la manière d’apprendre aux sourds-muets à lire et à prononcer, voici ce que je leur conseille.

Dès l’âge de quatre ou cinq ans ils mettront souvent devant eux, ou même prendront entre leurs jambes le jeune sourd-muet ; ils lui leveront la tête, pour l’engager à les regarder, en lui proposant quelque récompense. Lorsqu’il regardera, ils prononceront fortement (il n’est pas nécessaire de crier pour cela) et tranquillement pa, pé. Ils ne seront pas long-temps sans obtenir ces deux syllabes. Ils diront ensuite pa, pé, pi, et ils y joindront par degrés, po et pu.

Quand ils auront réussi, ils prendront de même par degrés, ta, té, ti, to, tu, et ensuite fa, fé, fi, fo, fu, toujours en prononçant for-