Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/33

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parler les sourds-muets, n’avaient pas assez de solidité pour séduire un esprit aussi juste ; mais il n’avait pas oublié, comme il nous l’apprend lui-même, que, dans une conversation qu’il avait eue, à l’âge de seize ans, avec son répétiteur, excellent métaphysicien, celui-ci lui avait prouvé ce principe incontestable, qu’il n’y a pas plus de liaison naturelle entre des idées métaphysiques et les sons articulés qui frappent nos oreilles, qu’entre ces mêmes idées et les caractères tracés par écrit qui frappent nos yeux. De là se déduisait cette conclusion immédiate, qu’il serait possible d’instruire des sourds-muets par des caractères tracés par écrit, et toujours accompagnés de signes sensibles, comme on instruit les autres hommes par les paroles et par des gestes qui en indiquent la signification. « Je ne pensais pas en ce moment, ajoute M. l’abbé de l’Épée, que la Providence mettait dès-lors le fondement de l’œuvre à laquelle j’étais destiné. »

Voilà, Messieurs, comme un grain jeté par hasard dans une terre fertile, produisit la moisson la plus abondante pour le bien de l’humanité.

C’est par la parole ou par l’écriture, qui est la peinture de la parole, que les hommes se transmettent ordinairement leurs pensées. Parce