Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/43

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ché à faire un secret. C’est, au contraire, en initiant tout le monde, avec le plus sincère abandon, aux mystères de sa méthode ; c’est en exposant à tous les yeux les heureux fruits de ses procédés, que M. de l’Épée opérait la conviction.

« Je vous plaignais, lui dit un jour un respectable curé de Paris qui venait d’assister à une de ses leçons ; je vous plaignais avant de vous avoir vu. Je ne vous plains plus maintenant ; vous rendez à la société et à la religion des êtres qui étaient étrangers à l’une et à l’autre. »

Cependant les préventions s’évanouissaient, peu à peu, comme ces vapeurs légères qui, le matin, obscurcissent l’horizon, et que dissipent les premiers feux du soleil. « Enfin, écrivait-il à un de ses amis, on commence à croire à ses propres yeux ; c’est toujours beaucoup ; nous ne devions pas espérer davantage. »

Néanmoins il resta toujours des hommes d’un esprit obstiné, qui, pour ne pas rendre hommage à ce beau génie qu’ils avaient d’abord condamné sans examen, fermèrent constamment leurs yeux à la lumière de l’évidence, et repoussaient, avec un dédain mêlé de dépit, le récit des prodiges qu’opérait M. de l’Épée,