Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/54

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leurs idées, le germe d’une langue qui pourrait se plier à toutes les combinaisons comme à toutes les modifications de la pensée ; et sur cette base, en apparence si incertaine, si rétrécie, il éleva l’édifice le plus beau, le plus solide, le plus régulier dans toutes ses parties.

Le langage des gestes, très-riche dans ses expressions, est d’une simplicité extrême dans ses formes. Il représente fidèlement la pensée ; mais il rejette tout ce qui n’est pas nécessaire à son expression. Les nombreuses formes grammaticales dont un long usage a enrichi nos langues, sont étrangères, et quelquefois tout à fait contraires au langage des sourds-muets. Cependant il fallait les leur faire connaître, ces formes grammaticales, pour les mettre en état d’en faire usage comme nous. Mais comment trouver des signes assez simples pour ne pas embarrasser la marche du discours, assez expressifs pour rendre sensibles aux yeux, ces nuances légères dont l’esprit le plus délié peut à peine quelquefois se rendre raison ? Comment exprimer ces modifications purement grammaticales, qui, de l’expression de la même idée, font, tour à tour, un verbe, un substantif, un adjectif, un adverbe, sans rien changer au fond de l’idée qui, malgré toutes ces métamorphoses, reste la même,