Page:L'âme russe, contes choisis, trad Golschmann et Jaubert, 1896.djvu/92

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physionomie imposante, ornée de larges favoris, un fonctionnaire portant tricorne et épée. Il se sentit glacé de terreur, tandis que le commissaire, lui faisant signe du doigt, lui criait :

– Viens donc par ici, mon cher !

Ivan Iakovlievitch, qui connaissait les usages, ôta de loin sa casquette et accourant avec empressement dit :

– Bonne santé à Votre Noblesse !

– Non, non, mon ami, pas de Noblesse ; raconte-moi plutôt ce que tu faisais là, sur le pont ?

– Par ma foi, monsieur, en revenant de faire la barbe, je me suis seulement arrêté pour voir si le courant était rapide.

– Tu mens, tu mens ! Tu n’en seras pas quitte à si bon marché. Dis plutôt la vérité.

– Je suis prêt à faire la barbe à Votre Grâce, deux, trois fois par semaine, sans résistance aucune, répondit Ivan Iakovlievitch.

– Mais, mon ami, ce n’est rien, tout cela. J’ai trois barbiers qui me font la barbe, et s’en trouvent encore très honorés. Raconte-moi donc plutôt ce que tu faisais là-bas.

Ivan Iakovlievitch pâlit.

Mais ici les événements s’obscurcissent d’un brouillard, et tout ce qui se passa après demeure absolument inconnu.