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Présent et d’Avenir. Elle est en soi et par soi, et descend vers la mort en descendant vers la Durée.

« Il vaut mieux vivre », répondent à tout les idolâtres de la mode. Lesteven, mort en beauté volontaire, tu les réfutes par ton bond simiesque ; et vous, squelettes qui me reniflez des mitres d’évêque de vos nez camards, vous ne daignez cette banalité, coutumière et au snob et au bourgeois sphérique. Vous ne vivez pas — malgré le témoignage des terrorisés qui vous proclament leurs passés compagnons de route, — ne le niez pas, vous ne vivez pas, il n’y a pas de mal à ça, vous faites mieux, vous Êtes.

L’Être, sous-suprême de l’Idée, car moins compréhensif que le Possible, est hypindéfinissable. Contente-toi, mon cerveau aux lobes luisants, de cette intuition, la fraternité de l’Être et de l’Éternité. L’Éternité, contraire du Vivre, le détruit. Donc l’Être aussi, pair de l’Éternité.

Or définissons son antipode prouvé, le Vivre.

Vivre est acte, et ses lettres n’ont que le sens du délire d’un hanneton renversé. Vie égale action de sucer du futur soi par le siphon ombilical : percevoir, c’est-à-dire être modifié, renfoncé, retourné comme un gant partiel ; être perçu aussi bien, c’est-à-dire modifier, étaler tentaculairement sa corne amiboïde. Car et donc on sait que les contraires sont identiques.

Être, défublé du bât de Berkeley, est réciproquement non pas percevoir ou être perçu, mais que le kaléidoscope mental irisé SE pense.