Page:L'Art littéraire - année 1894.djvu/80

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nale et bourdonnante, la Machine à Décerveler, coram populo tous les dimanches pour le Seigneur ronflant sur un tertre, petite-fille de Moloch et des Vierges de fer. Il suffit de l’initiative d’un petit César dans son village. Trois serviteurs dociles (je les préfère en caoutchouc, car après service dégonflés on les renferme dans un tiroir) pour battre et graisser. Renouveau des arts, le gloussement circulaire d’un orgue y adapté charme les derniers instants. Phynance, justi- et purificatrice de tout, découle par un robinet. Le populaire familial tout blanc de la cervelle des barrières rentre heureux et moralisé de ce démocratique spectacle. — Mais l’âge d’or est trop en le futur.

Substitution, hélas ! de la Science à l’Art, et c’est une machine qui ferait le Geste Beau, malgré notre esthétique volonté et malgré Dom Junipérien et sa Révérence bien rétablie. — On serait du moins sûr de répéter ce geste aux temps et lieux de son gré : le bref geste humain ondoie et seul ce qui en résulte Est. Avec T. de Quincey est mort le club des dilettantes du meurtre parfait (Society for the propagation of great Ideas). À son exemple, disons qu’il faut que le meurtre soit honni, mais qu’à le voir tout perpétré il vaut mieux le voir œuvre d’art (c’est pourquoi la Guillotine est vandalisme paralogique : elle prive le corps (si l’on veut le conserver au mur) de son suspenseur naturel ; elle réduit à la dualité la triple gaîne de bambou de la triple âme platonicienne, rompt l’équilibre sans épithumial profit, force perdue. — Qui sait pourtant si cette