Page:L'Art littéraire - année 1894.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 80 —

Phallus déraciné, ne fais pas de pareils bonds ! Tu es une roue dont la substance seule subsiste, le diamètre du cercle sans circonférence créant un plan par sa rotation autour de son point médian. La substance de ton diamètre est un Point. La ligne et son envergure sont dans nos yeux, clignant devant les rayures d’or et vertes d’un bec de gaz palloïde.

Le cycle est un pléonasme : une roue et la superfétation du parallélisme prolongé des manivelles. Le cercle, fini, se désuète. La ligne droite infinie dans les deux sens lui succède. Ne fais pas de pareils bonds, demi-cubiste sur l’un et l’autre pôle de ton axe ou de ton soit ! Le cavalier t’étreint (suspendu, s’il le désire, à la Cardan entre tes côtes — laissons le disque quelques siècles encore aux accessoires et à l’homme) et tu poursuis la succession de tes équilibres momentanés, dans le sens du mouvement (si le spectateur est à ta droite, et encore ta droite est ta gauche dans la deuxième moitié de ta course) des aiguilles d’une montre.

Tu concilies le discontinu de la marche et le continu de la rotation astrale ; à chaque quart de chacune de tes révolutions (qu’on la mesure d’où l’on voudra)tu fais une croix avec toi-même. Tu es saint, tu es l’emblème bourgeon de la génération (si cela était pourtant, tu serais maudit, Bourgeois), mais de la génération spontanée, vibrion et volvoce, dont les images gyroscoposuccessives révèlent à nos yeux, hélas trop purs, ta scissiparité, et qui projettes loin des sexes terrestre le riz cérébral de