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Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/155

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de l’Europe, et sa flèche est la Guerre, et le marin est Guillaume II.

D’où viendra le châtiment ? — « Du Peuple », répond Bernard Partridge, dans le Punch. C’est la vieille idée anglaise, qui est aussi bien française que latine : en appeler du chef coupable au Peuple qui, nécessairement, est abusé et trahi. « Si le Peuple savait ! » dit-on aujourd’hui, dans les pays démocratiques, comme on disait jadis : « Si le Roi savait ! » car l’on ne doute pas que, sachant, il ne punisse les coupables. L’humanité n’a fait que changer de rêve. Le Kaiser est dans son cabinet, penché sur ses cartes de guerre ; il a entendu un léger bruit, il s’est redressé et regarde : une sombre figure de femme est là, derrière le rideau, en haillons, coiffée du bonnet phrygien ; elle tient une torche, la main basse, et sur la fumée de cette torche, on lit Révolution. Ou bien le Kaiser, toujours assis devant ses atlas, levait son verre pour boire : « Au jour… » mais avant qu’il ait pu achever son toast, une main, la main d’un spectre horrible, l’a saisi au poignet, et, lui montrant un gibet prêt, avec le bout de la corde qui s’y balance, le spectre termine ainsi le vœu : « … du Jugement ! » Même sort attend Ferdinand de Cobourg, toujours d’après le Punch. Il s’avance, à pas prudents, le long d’une ruelle, le couteau à la main, pour entrer dans la rue de la Serbie et y faire son coup, mais il est inquiet, car dans l’ombre d’une voûte, sur ses traces, se glisse un homme armé d’un couteau semblable, et sur le