Aller au contenu

Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

manteau de cet homme qu’il ne voit pas, nous lisons ce mot : Révolution. En attendant, la voix des Peuples le condamne, sur tout le globe, et le Bulletin, de Sydney, montre le Teuton, revenu à l’âge de bronze, nu, musclé, hagard, qui fuit, sa lance homicide à la main, lapidé par une foule furieuse : c’est une vision comme celles que nous donnait jadis M. Cormon. Voilà l’Ismaël des Nations, dit le journal australien, et il ajoute : « Et ce sera un homme sauvage et il sera l’ennemi de tout homme et tout homme sera son ennemi » .

Tel est le caractère général de la caricature anglaise. Mais elle ne se tient pas toujours à cette hauteur biblique. Elle ne s’indigne pas toujours contre la force ; elle raille aussi la faiblesse : faiblesse militaire, faiblesse diplomatique. Que les légions du Kaiser n’aient pas pu triompher de la « misérable petite armée du général French » et que cette armée soit devenue la grande armée de Kitchener, c’est un échec allemand à commémorer. Et l’on a vu l’Empereur et son fils observant, à la lorgnette, le lion britannique, qui leur paraît gros comme un rat, — mais ils avaient regardé par le mauvais bout de la lorgnette et le lion bondit sur eux, formidable. Ils avaient cru pouvoir aller à Calais : ils n’y sont jamais parvenus. Et l’on voit dans le Punch, le Kaiser en grand costume de général et gants blancs qui chante au milieu de son état-major, un vieux refrain de music-hall, qu’il a ainsi rajeuni : « Y a-t-il quelqu’un qui aurait vu