Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/180

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C’est qu’il n’a point réussi dans ses tentatives avec la Vierge grecque, dit la Jugend : il a eu beau se transformer en bœuf, en nuée légère, en pluie d’or, elle l’a repoussé… « Et quand je parle de venir en Dreadnought, elle se moque de moi ! » s’écrie le Jupiter britannique en serrant le poing, — tandis que Pallas Athéné, debout, lance en main, se profile, dédaigneuse, sur la mer…

Alors, que faire ? Se cacher, se dissimuler sous les pavillons des neutres, renier ses couleurs, pensent les Lustige Blaetter et les autres feuilles comiques. C’est pour elles un inépuisable sujet de sarcasmes. On voit le patron d’un navire marchand anglais en face d’une collection complète de masques : le haut de forme étoile du Yankee, le bonnet de la Hollandaise, l’immobile peau jaune du Céleste, et se disant : « Aujourd’hui, il faut que je traverse la mer d’Irlande : lequel de ces masques neutres doit prendre un vieux marin honorable ? » Ou bien, tout nu aux bains de mer, John Bull cherche parmi les drapeaux des nations, qui sèchent au soleil, celui qui couvrira le mieux sa vilaine académie. Ou encore, c’est la vieille Albion, en haillons, qui sort de sa cabine, et se plaint ainsi : « Vraiment, je ne peux plus sortir avec ces oripeaux dégoûtants… — Courage, Britannia, volez-en de meilleurs ! » lui crie Churchill, en lui montrant les costumes des neutres, qui se balancent, séchant au vent. « Quel costume choisirais-je pour qu’on ne me reconnaisse pas ? » se demande, perplexe, John Bull, chez un