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Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/202

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d’hôpital, une infirmière se détourne avec désespoir pour ne pas voir, et un vieux major à lunettes, les bras croisés, regarde, impuissant, deux malades horriblement convulsés, qui se tordent, en des gestes fous, sur leurs oreillers : c’est l’Asphyxie lente qui fait son œuvre. Dans une autre chambre d’hôpital, un homme sanglote, assis près d’un lit où le drap dessine vaguement une forme humaine, et que marque un crucifix noir. Quelle fut donc cette mort ? Un châtiment ? Et de quoi ? Une fillette, debout auprès de son père, tâche de le faire parler au milieu de ses sanglots : « Maman n’avait rien fait de mal, n’est-ce pas, père ? » Une dernière planche résume, là-dessus, toute la pensée de Raemaekers : c’est une femme de la campagne, qui pleure, abattue par la douleur, la figure posée à plat sur une table, tandis qu’une vieille paysanne, debout, cherche à la consoler et qu’un enfant s’accroche au bras de la vieille, épouvanté. C’est : « Une qui ne comprend pas les beautés de la guerre ».

Raemaekers n’est point cependant un pacifiste quand même. Il ne prêche pas que la honte soit préférable à la lutte. Il raille le président Wilson, qui réfléchit profondément et dit à l’Humanité éplorée, pour la consoler : « J’écrirai, si vous avez à vous plaindre de quelque chose, j’écrirai, — oui, mais quand j’y pense, je crois que j’ai déjà écrit ![1] »

  1. Ceci a paru en 1915.