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Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/204

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dans sa fumée, des figures et des calamités mondiales : après les têtes de l’archiduc et de sa femme unies dans la mort, l’aigle à double tête de l’Autriche-Hongrie fondant sur la Serbie suppliante, l’incendie allumé, les Alliés cherchant à l’éteindre, l’Allemagne l’attisant ; puis les populations quittant les villes incendiées, les épaves de la Lusitania, et rayonnant, dans une apothéose, un crâne : la Mort triomphante. À son tour, Braakensiek, adaptant un tableau de Henneberg, a montré la Course impériale au Bonheur : le Kaiser, suivi par la Mort, galope à la suite de la Fortune, par-dessus le cadavre de la Paix ; il va, il va, forçant le galop infernal, car il a vu briller, dans la main de l’Inconstante, la couronne mondiale, et il ne voit pas qu’elle a dépassé le pont étroit où il la poursuivait, qu’elle file maintenant au dessus d’un abîme et que, sur cet abîme, est écrit : Révolution… Une autre fois, — et c’est un de ses derniers dessins, — il figure une femme, coiffée du bonnet phrygien, debout au bord d’un précipice, luttant contre un aigle gigantesque et furieux qui l’assaille, et lui arrachant des plumes qui tombent dans l’abîme. « Qui oserait maintenant parler de la décadence de la France ? » dit la légende sous ce titre : La lutte pour Verdun.

Braakensiek ne plane pas toujours à ces hauteurs allégoriques. Il a de l’ironie, parfois à l’adresse des Alliés : ainsi lorsqu’il représente une conférence entre trois gardiens de l’ordre ; un policeman,