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Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/209

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l’Inquirer, en figurant une main géante sous les eaux de l’Océan, cherchant à saisir et à engloutir les bateaux qui passent. « Pilote congédié », dit un autre, en reprenant l’idée du Punch lors du départ de Bismarck, et en montrant non plus le chancelier, mais la Civilisation qui quitte le navire où commandent le Kaiser et l’amiral de Tirpitz. « La loi, épave du temps de guerre », dit l’Eagle, de Brooklyn, en montrant un livre déchiré, défeuillé, sur une grève : le « code international » que la tempête a rejeté, hors d’usage. « Par Allah ! » s’écrie le Turc de l’Evening Sun, en lisant le récit des atrocités allemandes en Belgique, « il faut que j’intervienne au nom de l’humanité ! » À peu près toutes les images satiriques, de l’autre côté de l’Océan, donnent la même note.

Cette note est jusqu’ici tout simplement la note anglaise, mais le caricaturiste américain en a une autre : la satire du Germain ou du pro-Germain en Amérique. Celui-ci grince des dents, roule des yeux furieux en voyant le flirt de la France et de l’oncle Sam. Caché dans la charmille, tandis qu’ils se racontent des douceurs, il les lapide de notes, d’explications, de commentaires sur les événements du jour. « Mais qu’est-ce que cela peut bien nous faire, à vous et à moi, dear ? » murmure Jonathan qui, pour la circonstance, a rajeuni son allure, revêtu un beau gilet étoile, des bottes neuves et qui serre tendrement la main d’une petite paysanne en sabots, coiffée du bonnet phrygien… Le même