Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/212

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foule menaçante, parce qu’affamée, sous les fenêtres du palais impérial, à Berlin, et elle crie : « Nous avons faim et il n’y a pas de pain ! » et le Kaiser, à son balcon, répond : « Eh bien ! quoi ? Moi aussi, j’ai faim, puisque je ne puis dévorer l’Angleterre ». Dans la seconde, il voit son Kaiser offrir galamment son bras à la Paix, avec cette demande : « Me ferez-vous le plaisir de venir avec moi ? — Merci, répond la Paix. Quand vous vous serez lavé les mains », qui sont sanglantes. Dans la troisième, enfin, il voit son Kaiser en train de choisir son rôti de Noël. C’est l’oiseau de la Paix qu’il désigne en disant : « Si je ne peux avoir une bonne dinde, je me contenterais de cette colombe. » — « Oh ! si je pouvais seulement quitter la partie ! » murmure le même Kaiser, dans l’Evening Sun, devant les piles d’écus qu’il a gagnés aux Alliés, assis à la même table de jeu. C’est l’idée et quasi le dessin du Nebelspalter. Par où l’on voit que, dans la pensée des Neutres, c’est presque un axiome que l’Allemagne, au point où en est arrivée la guerre[1], désire la paix.

  1. En mai 1916.