sifs, se confiant en la pensée géniale qui veille sur eux. Tel n’est point du tout le « poilu ».
Vainement chercherait-on sa ressemblance, encore, parmi les portraits de Raffet, d’Horace Vernet ou d’Yvon, le chasseur d’Afrique ou le spahi qui enleva la Smala, le zouave qui planta le drapeau sur Malakoff, le cavalier qui chargeait à Sedan, derrière Galliffet, — type déjà un peu plus bronzé, cuit au soleil d’Afrique ou du Mexique, mais aimable encore et fait pour plaire, avec ses accroche-cœur et ses moustaches provocantes, leste, sanglé dans sa tunique plissée à la taille, doré sur toutes les coutures, étincelant, témoignant nettement qu’il est d’une caste spéciale, la caste militaire, façonnée et formée selon un gabarit étroit, non peut-être tant par la guerre que par la vie de garnison en pleine paix. Ah ! combien est différent le « poilu » ! Encore moins trouverions-nous sa préfiguration chez les chapardeurs de Callot, les gentilshommes de Martin, de Lenfant, de Blaremberghe, chez les partisans de Tortorel et Périssin. C’est donc un type à créer.
Point n’est besoin pour cela d’un tableau de bataille : un portrait suffit. La seule figure du Colleone, ou de l’homme appelé le Condottiere, évoque tous les combats du xve siècle ; nous n’avons pas besoin de voir les gestes de tel reître d’Holbein pour savoir ce dont il est capable et, dans le seul ovale d’une tête de Clouet, s’inscrit l’implacable fanatisme de son temps. Ainsi du poilu. Mais ce