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Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/273

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au front en profiteront pleinement. En cela, comme en beaucoup d’autres domaines, c’est sur les combattants que nous comptons pour venir diriger, éclairer et rajeunir notre vision des choses.

En attendant, beaucoup en ont déjà profité. M. Flameng a si justement saisi les attitudes particulières aux Anglo-Saxons, que, modifiât-on leur uniforme, l’œil reconnaîtrait sans hésiter leur race. M. Devambez, M. Dufour, M. Louis Valade, M. Sarrut-Paul, M. Le Blant, M. Lobel-Riche s’y sont essayés. Et ceci n’est qu’un commencement. Voici tout un monde nouveau qui s’ouvre pour les peintres. Se figure-t-on la joie d’un Giotto, lui qui scrutait avec tant d’attention la physionomie de deux Mongols venus en ambassade, en son temps, d’un Mantegna, qui s’attachait si ardemment à profiler l’exotique visage de Zélim, frère du Sultan, d’un Bellini, qui courait à Constantinople, étudier celui de Mahomet II, d’un Rubens, qui épiait l’expression et l’extase dans un faciès de nègre, s’ils voyaient débarquer aujourd’hui chez eux, en masse, tous ces peuples dont ils n’ont pu que deviner les indices physiologiques par quelques rares et fugitifs spécimens ! À l’heure où l’on pouvait croire que « tout était dit » sur l’homme et qu’on « venait trop tard », — beaucoup de nos vieux peintres, s’ils sont sincères, diront avec regret : « Nous sommes venus trop tôt ! »

Ainsi, la guerre apporte bien au peintre, comme au philosophe, à l’économiste, au stratège, nombre