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AVANT-PROPOS




Le samedi 14 avril 1900 aura lieu, dans l’immense Salle des Fêtes du Champ-de-Mars, qui occupe le centre de l’ancienne Galerie des machines de 1889, l’inauguration officielle de l’Exposition Universelle Internationale de Paris. Le lendemain, 15 avril, dimanche de Pâques, les portes de l’Exposition seront ouvertes ati public.

Cette manifestation grandiose, digne couronnement du XIXe siècle, dépassera en splendeur toutes celles qui l’ont précédée. Elle est le résultat d’une somme colossale d’idées, dont les meilleures ont été conservées par une série d’heureuses sélections, et réalisées par six années d’efforts matériels.

Ces efforts ont donné naissance à une véritable cité nouvelle, formant une agglomération absolument à part au milieu de la grande capitale, avec son enceinte, ses portes, son administration spéciale, tous les services compliqués d’une ville autonome.

C’est une ville merveilleuse, une ville de rêve, uniquement composée de palais magnifiques, surgissant de toutes parts autour de voies triomphales, d’avenues plantées d’arbres, de jardins dessinés avec art et entretenus avec un soin minutieux. Partout des perspectives superbes et incessamment variées, tous les peuples du monde ayant coopéré à l’œuvre commune, en y apportant leur génie, leurs goûts, leur architecture typique. C’est le monde entier en raccourci ; c’est aussi, par le côte-à-côte des expositions centennales avec les expositions modernes, le résumé de l’histoire d’un siècle de civilisation. Toutes les années du centenaire qui s’achève, tous les pays du monde, ont orné ces palais et les ont remplis des productions les plus parfaites des arts, des sciences, des innombrables branches de l’activité humaine. C’est aussi de toutes parts qu’accourront les foules qui peupleront la glorieuse cité.

Et voilà que demain, cette ville aussi éphémère que prestigieuse, véritable décor de féerie, s’évanouira comme un beau rêve. Au boid de six mois d’une fête splendide et ininterrompue, il n’en restera plus que le souvenir. Elle aura passé, toutes proportions gardées, comme un de ces brillants feux d’artifices, dont la longue préparation n’aboutit qu’à réjouir les yeux pendant quelques instants.

Il y a, toutefois, une différence essentielle. Alors que les fusées, et les capricieuses luminosités qu’elles accompagnent, n’ont d’autre signification que celle de la joie, d’autre but que le plaisir des yeux, l’Exposition de 1900 sera à la fois un spectacle attrayant et la consécration d’une date dans l’histoire industrielle du monde.

Seul un but aussi élevé pouvait justifier ce déploiement du génie des architectes