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L’EXPOSITION DE 1900

rien de choquant ou de heurté. Il en résulte, de toutes parts, de merveilleux points de vue, que nous signalerons au passage. C’est un vrai régal des yeux, l’on peut affirmer que jamais Exposition ne fut aussi jolie.

Si l’on veut exprimer cette impression générale par une formule, on constatera que l’Exposition de 1889 fut le triomphe des ingénieurs avec le fer et la brique, tandis que l’Exposition de 1900 est le triomphe des architectes par tous les moyens dont ils disposent pour décorer les édifices et séduire les regards.

La première étonnait par la puissance des procédés mis en œuvre, notamment dans la construction de la tour Eiffel et de la Galerie des Machines ; la seconde charme plutôt par la grâce incessamment variée de ses multiples palais.

Ce rapide coup d’œil d’ensemble, aidé par notre plan, et aussi par nos deux vues panoramiques (p. 10 et 11), suffit pour donner une idée des grandes lignes de l’Exposition de 1900.

Nous allons maintenant en parcourir méthodiquement les diverses parties, section par section, dans l’ordre logique que nous avons déjà indiqué, savoir :

  1. Les Palais des Champs-Elysées ;
  2. Le Pont Alexandre III et l’Esplanade des Invalides ;
  3. La Rue des Nations et la rive gauche de la Seine jusqu’au Champ-de-Mars ;
  4. Le Champ-de-Mars ;
  5. Le Trocadéro ;
  6. La rive droite de la Seine du pont d’Iéna au pont des Invalides.

Nous terminerons par une description de l’annexe de l’Exposition située dans le bois de Vincennes et spécialement consacrée à l’importante industrie des transports, à l’automobilisme, au cyclisme et aux autres sports.


II

Les Champs-Élysées

La Porte Monumentale.

La Porte Monumentale, précédée de deux grands mâts artistiques surmontés de phares électriques et brillamment pavoisés, s’élève à l’entrée du Cours-la-Reine, à 150 mètres de la statue qui forme le coin de la place de la Concorde. Bien que classée modestement, sur le plan officiel, comme « porte numéro 29 », c’est certainement l’un des « clous » de l’Exposition, tant par ses dimensions imposantes que par l’éclat de sa décoration. On devine, en la voyant, que M. René Binet, son architecte, est doublé d’un peintre de talent.

Ce monument est constitué par trois grandes arches égales, de 20 mètres d’écartement, accolées en triangle, et portant une coupole hémisphérique qui couvre 500 mètres carrés de superficie[1]. Les trois voussures sont ajourées comme une dentelle et les ajours entourés de cabochons de couleur pris dans un ornement, qui deviennent lumineux la nuit. La coupole est dorée et ajourée.

L’arche principale, en façade sur la place de la Concorde, s’épanouit à son sommet en une sorte de large fronton, au milieu duquel se projette en avant la proue du vaisseau de la Ville de Paris sur laquelle chante le coq gaulois. Au-dessus, s’élève à 35 mètres une statue de 6 mètres de hauteur, œuvre de M. Paul Moreau-Vauthier, représentant la Ville de Paris accueillant ses hôtes. L’originalité de cette figure réside surtout dans son modernisme. Rompant avec la tradition des allégories grecques et romaines, son auteur a reproduit hardiment une Parisienne mondaine, mise à la dernière mode, à la fois hautaine et séduisante. De chaque côté de l’arche, deux exèdres portent chacun une grande frise

  1. La superficie totale occupée par la Porte Monumentale est de 2.340 mètres carrés.