Page:L'Humanité nouvelle, année 1, tome 1, volume 1.djvu/469

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ses pieds en montrant la cheville nue et une partie du mollet rond et blanc.

— Malédiction ! anathème ! jura Bachka en bondissant du banc, que me veux-tu donc ?

— Ah ! Finiras-tu une fois tes grossièretés, manant que tu es ! lui répondit La-Figure sur un ton différent, en prononçant ces paroles avec calme et fermeté.

Et prenant Bachka par le bras, elle le réassit de force près d’elle.

— Dis-moi, qu’est-ce qui te rend si rageur ? Fumons plutôt une cigarette, cela vaudra bien mieux ; j’ai du tabac…

Bachka se détourna et cracha en signe de dégoût. Cependant il accepta la cigarette. Il se sentit envahi par un singulier sentiment de curiosité ; il lui semblait qu’il connaissait cette femme éhontée depuis longtemps déjà, et il éprouva même un certain plaisir d’avoir été retenu par elle, tout en continuant de l’injurier violemment dans sa pensée. Il voulut partir de suite pour se rendre en toute hâte auprès de ses amis qui l’attendaient au cabaret de « Plevna ». Et, malgré lui, sa langue balbutia :

— Figura Ivanovna, voudrais tu prendre encore une goutte de balsame ?

— Oui, si tu veux me tenir compagnie ; sans cela, je n’accepte pas.

Alors, pour Bachka, tout se passa comme dans un brouillard. Les petits verres se suivaient et Bachka sentit une douce chaleur se répandre dans ses veines. L’engouement s’empara de lui ; il riait comme un fou… il chantait avec sa nouvelle connaissance.

Ils quittèrent ensemble le cabaret de Zoboune. En cheminant dans les rues, Bachka devint galant, empressé auprès de sa dame, lui prêtant le bras pour passer les endroits boueux ou difficiles.

— Allons plutôt chez Vanka Caïn, proposa Bachka. Là nous sommes chez nous, dit-il à sa compagne en zigzaguant de tous côtés, mes amis de là-bas sont de braves garçons… Les connais-tu ? Le Hérissé ?… Le Ckocklik ?… Le Trouba ?… Non, tu ne les connais pas ?… Eh bien, si tu ne les connais pas, je dois avouer que tu ne connais personne…

En marchant bras-dessus et bras-dessous, Bachka haussait