Page:L'Humanité nouvelle, année 2, tome 1, volume 2.djvu/140

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munion des pensées à distance, s’accomplissant sous un même toit. Toute étude de la civilisation représente une infinité de survivances, datant chacune de périodes historiques différentes, mais s’unissant en un organisme harmonique, grâce à la vie qui incorpore les traditions de toute origine et de tout âge en une seule conception générale. Les forces nécessaires à la production du renouveau dans l’homme et dans la société sont toujours dues à une impulsion venue du dehors. Parfois l’impulsion provenant de la nature inorganique est brutale, impérieuse, sans appel. Une explosions volcanique, un débordement fluvial, une invasion de la mer, les ravages d’un cyclone ont maintes fois forcé les habitants de tel ou tel pays à quitter la terre natale pour fuir vers des contrées hospitalières. Dans ce cas, le changement de milieu amène forcément les changements d’idées, une autre conception de la nature ambiante, une autre façon de s’accommoder des circonstances, différentes des premières. Il se peut donc, malgré la catastrophe et tous les malheurs qui en sont la conséquence, que l’événement soit pour les populations frappées une cause puissante de progrès. Sans doute les individus ont souffert, ils ont peut-être perdu le produit de leur travail et leurs approvisionnements ; mais que sont de pareilles pertes en comparaison des acquisitions intellectuelles que donne l’adaptation à un nouveau milieu ? Parfois, il est vrai, le désastre entraîne autre chose que des ruines matérielles ; des peuplades ont été décimées ou même complètement exterminées par ces catastrophes de la nature, et dans ce cas, il faut que la tribu frappée se reconstitue à grand’peine et reprenne péniblement la lutte dans laquelle il est d’ailleurs possible que le groupe d’hommes menacé succombe définitivement. Dans l’éternel effort de l’homme vers la vie et le bien-être, il se trouve quelquefois le plus faible et régresse alors vers la sauvagerie primitive ; d’autre fois il triomphe des obstacles et progresse d’autant vers un état supérieur.

Aux causes extérieures de changement provenant de la nature inanimée s’ajoutent, chez les groupes humains, celles qui proviennent de l’invention d’autres hommes ou être vivants. La plus puissante de ces causes est l’imitation. C’est ainsi que le monde des animaux est devenu l’éducateur de l’humanité : il offre des exemples pour tous les actes de la vie. En premier lieu, la science par excellence, celle qui consiste à chercher et à trouver la nourriture, n’est-elle pas admirablement enseignée à l’homme par ses frères aînés, vertébrés et inverté-