Page:L'ami des monuments XXI.djvu/14

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ou curieuses n’a plus besoin de démonstration : mais l’organisation des mesures de défense est urgente. » Pour les obtenir, pour gagner l’opinion publique, nous n’avons craint aucune polémique, insouciants des ennuis, médisances ou dommages que pouvaient nous valoir les ennemis du bien public, dérangés dans leurs entreprises mauvaises. Bientôt la bonne cause eut ses avocats quotidiens. Tous ceux qui dans la Presse entière, française ou étrangère, l’ont chaudement défendue ont le droit de s’enorgueillir des services généreux qu’ils ont rendus chaque jour. On réclama, on obtint même, la sauvegarde de curieux logis, de vieux et sanctuaires, de belles perspectives, échappés parfois miraculeusement à une mort certaine. Des arrêtés officiels, des organisations nouvelles, des lois mêmes, furent dus à nos efforts et à celui de nos imitateurs. Car l’exemple donné par les Amis et Amies tut partout imité. Partout naquirent des disciples, apôtres à leur tour, propagateurs de nos pensées, contrefacteurs des moindres gestes des Amis et Amies. Ils s’affublaient parfois de quelque nom prêtant à confusion avec celui des initiateurs : tant l’enseigne même du logis des Amis paraissait enviable. Ainsi à Rouen, à Prague, à Rome, à Alençon, à Florence, on eut l’intelligence de comprendre et d’imiter Amis et Amies et de se patronner de leur nom. À Paris même nul îlot de maisons qui ne voulût compter ses fanatiques particuliers. L’Administration, si longtemps insouciante, a voulu faire preuve de zèle à son tour. Conseil municipal de Paris et Préfet de la Seine voulurent assurer d’un commencement de bons soins officiels la capitale, jusqu’alors officiellement abandonnée. Ainsi de notre entreprise naquit la Commission municipale du Vieux-Paris, création qui demeure l’honneur de M.  Lamouroux et de M.  de Selves. Ses membres furent choisis d’abord parmi les plus dévoués des Amis des Monuments, et parmi les membres du Conseil municipal ou de la haute Administration. Pour cimenter l’union de l’œuvre privée que nous avions fondée, depuis longtemps, et de l’œuvre qui lui donnait une consécration officielle, nous conviâmes en un repas solennel le créateur de la Commission municipale, M.  de Selves, qui voulut bien alors prononcer des paroles qu’il faut conserver ici, dans nos Archives, parce qu’elles demeurent mémorables :

« Vous avez eu, Messieurs, dit alors M.  le Préfet, la très grande amabilité de me convier à venir ce soir parmi vous.

« Je vous en suis vivement reconnaissant et je sens tout le prix en même temps que tout le charme de votre Société.

« Comment pourrait-il en être autrement ?

« Comment le Préfet de la Seine, de par la loi Maire de Paris, c’est-à-dire ayant la charge de tout ce qui constitue la grande cité dont nous sommes fiers a si juste titre, pourrait-il ne pas éprouver la plus vive satisfaction à être parmi vous ?