miques à ceux du héros national. Le culte de Kwoiam, les mythes de Sida, de Dogai, qui réapparaissent ici, nous semblaient assez près des cultes totémiques dont on constatait, d’ailleurs, l’existence (de façon assez timorée, il est vrai) ; mais, en même temps, ils nous paraissaient assez éloignés de ces mêmes cultes pour pouvoir être rapprochés des grands dieux. L’évolution commencée là-bas s’est achevée ici. Les habitants des Îles orientales n’ont plus de totems, ils n’en ont plus que des traces. Ils ont un culte national, celui de Bomai-Malu, beaucoup plus développé, et, à la suite de MM. Haddon et Rivers, on peut donner de ce fait une explication.
La décomposition du totémisme. — D’abord que reste-t-il du totémisme ? M. Durkheim, plus loin, dira ce qui en subsiste au point de vue juridique. Au point de vue religieux, il en persiste assez pour que nous soyons sûrs que les Miriam en particulier l’ont connu aussi développé que dans les îles de l’Ouest, et que dans les tribus de la Nouvelle-Guinée auxquelles, d’ailleurs, ils sont indubitablement associés. On trouvera les faits bien discutés par M. Rivets (p.172, sq.), par M. Haddon (p. 253 et suiv.). Il y a même des phénomènes de classification (p.187, 202). C’est déjà ce qu’avait signalé M. Hunt et nous ne croyons pas que, sur ce point, ses observations soient controuvées. Mais le seul cas de parenté directe entre animaux et groupes humains qui survive encore est celui d’une sorte de totem à la fois funéraire et sexuel : hommes et femmes deviennent, après la mort, des lamar, des esprits, mais qui ont une forme animale, différente pour chaque sexe (p. 257). Un autre cas est celui de la forme animale du grand dieu, Bomai, qui est, comme la première de ses confréries, un crocodile, Beizam ; ses gens s’appellent eux-mêmes des beizam. Même on dit à M. Haddon, dans le jargon où on lui transmit la plupart de ses documents : Beizam zogo belong we (p.244). Nous ne doutons donc pas que le culte national ne se soit développé à partir de celui d’un totem tribal ; peut-être est-ce celui de la société des hommes ? Notre hypothèse est assez différente de celle de MM. Haddon et Rivers qui pensent que le culte de Beizam et celui de Dogai, par la manière dont ils s’opposent et se balancent (p.174, 272), semblent plutôt être d’anciens cultes de phratries. Mais, en réalité, ces deux explications ne sont pas tout à fait incompatibles l’une avec l’autre ; car, en général, les totems tribaux sont d’anciens totems de phratries. En tout cas, il est bien certain que tous