Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/130

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bardement. Mais l’acier manque. Le représentant du Creusot a insisté pour placer un acier, fort cher, que l’Italie tient de l’Allemagne. C’est le patriotisme métallurgique, à opposer à celui du petit soldat qu’on jette à la boucherie avec des mots.

— Le 3. Au Grand Condé, où siège le G. Q. G., triomphe la bureaucratie : la liste des machines à écrire s’étale en beaux tableaux de sergent-major. Seule, la pièce où se tient Joffre est nue : une table, une carte, pas de papiers.

— Le 5. Millerand annonce aux directeurs de l’Intendance et de la Santé : « On nous oblige à donner l’hospitalité à deux sous-secrétaires d’État ».

— Pudique, le général Hirschauer dit qu’il a débaptisé l’avion Voisin dénommé : type Q. Q. Il l’a appelé R-2 ; frappé par la consonance, je lui réponds que c’est pire.

— Devant un général, on dit qu’à peine six officiers du G. Q. G. ont été au front. Il réplique : « Tant que ça ? »

Mme L…, femme du député, porte en bracelet une ceinture d’obus en cuivre, un des produits de fabrication de son mari. Elle déclare que le civil doit se taire. C’est trop simpliste. Il y a 34 millions de « non mobilisés » qui ont voix au chapitre. Leur attitude et leur sort doivent compter. D’ailleurs, à part 36.000 professionnels, que sont les 4 millions de mobilisés ? Des civils en képi. On l’oublie trop.

— Le 9. Incident Rouget de Lisle au Conseil. Le Gouvernement veut le transférer au Panthéon le 14 juillet. Le Gouvernement militaire de Paris décline cette responsabilité, par crainte des taubes. Poincaré proteste. Déjà le Gouvernement fut accusé de peur quand il partit pour Bordeaux. Va-t-on recommencer ? L’aviation est consultée et donne un