creuser des tranchées de deuxième ligne par les territoriaux, de troisième ligne, par les civils. Et Viviani : « À quoi bon discuter ? Rien ne sera fait. » Millerand feuillette toujours ses dossiers.
— On se demande s’il n’eût pas été opportun, après ces cinq mois de session, de renvoyer les Chambres, quitte à s’expliquer devant le pays. Les mauvaises langues prétendent qu’une des raisons de l’assiduité des députés, c’est qu’ainsi ils se justifient de n’être pas aux armées.
— Bienvenu-Martin est ministre du Travail. Il va en mission au front. Un lieutenant-colonel l’interpelle et demande ce que le Travail peut bien avoir à faire avec les armées.
— Déjeuner Albert Thomas, Bouttieaux, Painlevé. Bouttieaux cite les avions S. P. A. D. (Blériot-Deperdussin) qui font 150 km., les Nieuport 140, les Morano 160. Tous biplans. Il célèbre le Caproni, qui enlève 7 personnes, 1.200 kilos de charge, 3 moteurs de 100 HP. Deux officiers français l’ont essayé à Milan. On les a follement ovationnés. Il s’élève aussi contre la foi aveugle dans l’aviation, dans son pouvoir de finir la guerre, et contre les innombrables suggestions qu’il reçoit à ce sujet. En fait, on manque d’acier. Ayant à faire des obus, des canons, des moteurs, il faut choisir et sacrifier ces derniers.
Painlevé réclame l’emploi au front des canons de côte de 14, 16, 24. Il les réclamait dès Bordeaux ! Il veut des canons à tir vertical contre avions. Nous en avons huit ! Côté allemand, c’est une barrière de feu qu’il faut franchir pour passer les lignes. Il avoue qu’on a peu de gaz asphyxiants. Il revient sur la thèse des galliénistes : Joffre voulait rassembler les troupes sur la Seine. Mais l’un des convives rappelle l’initiative de Millerand, encore à Paris,