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Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/186

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c’est le loup qui a mangé le petit Chaperon Rouge ? » Réponse de la mère : « Non, mon enfant, c’est le bon loup, qui a tué des Boches. » Si, dès l’enfance, le meurtre est ainsi glorifié, comment inspirer l’horreur de la guerre ?

— D… est partisan de la continuation de la guerre, afin d’imposer à l’Allemagne des conditions économiques qui la diminuent plus de 60 ans. Cela dans l’intérêt des générations futures dont il se sent solidaire. Quant aux sacrifices, il prétend qu’ils ne sont guère plus coûteux que ceux qu’exigent la mine, l’usine, l’atelier, la misère. Ma réponse : une nation vigoureuse se relève en moins de 60 ans ; et toute cette diminution, si coûteuse, serait inutile si se réalisent les États-Unis d’Europe avec rapprochement franco-allemand.

— L’horreur qu’on affiche pour la paix détourne d’en examiner les conditions. Une dame me dit : « Et la France envahie ! » Ainsi, elle n’a pas lu que, dans toutes les tentatives de paix offertes, figurait la libération de ces territoires. De trois côtés, ces propositions s’agitent : au Congrès américain, au Reichstag, au Vatican.

— Le 7. Inauguration de l’École Hôtelière. Mme S… évoque la France future, gaie, accueillante, bonne hôtesse. Cette femme oublie dans son discours les millions de familles en deuil. En somme, la dureté stoïque dont s’enorgueillit la population n’est que de l’insensibilité. On ne participe pas. Les mères, les épouses, les amantes vraies, tremblent dans la retraite. Les autres s’en foutent.

— Un médecin racontait que, dans le chaos du terrain d’attaque, dans l’enfer, souvent les hommes, une fois les officiers tombés, ne savent plus où aller. À peine peut-on se guider à la boussole dans cet