Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/188

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l’hospitalisation de 800 aliénés et tuberculeux renvoyés d’Allemagne où ils étaient prisonniers civils. Quel déchet affreux cela laisse soupçonner !

— Le 14. Dîner avec Ferrero, l’historien italien, gendre de Lombroso. Il concourut à l’entrée en guerre de l’Italie et il s’étonne d’y avoir réussi, dans ce moment francophobe qui suivit les affaires du Carthage et du Manouba (guerre de Tripolitaine).

Il donne ces vues originales : 1o Les Allemands, pour détourner l’Italie de l’Entente, étalaient sous ses yeux les plans de leur prochaine offensive du printemps 1915 contre les Russes. Mais c’était si formidable que les Italiens crurent à du bluff ! S’ils avaient su que c’était la vérité, ils n’auraient pas marché ;

2o Cette guerre est la faillite des armées. On demandait aux armées un maximum d’effet dans un minimum de temps. On leur demandait une victoire qui décidât, en un jour, de la campagne. Or, elles ne répondent plus à ce programme. Elles opposent leurs masses, front à front, avec des flux et des reflux, mais en équilibre, pendant des années. C’est leur condamnation.

— Clemenceau applique à Poincaré, dans un article, les vers de Hugo dans les Châtiments : « Je brandis le fer rouge et sens ta chair fumer… » Il le tutoie ! Que nous voilà loin des jours où, à Bordeaux, ce même Poincaré se plaignait à Viviani que Clemenceau eût critiqué son rôle trop prépondérant au Conseil des ministres. « Car, ajoutait-il alors, la personne du président est intangible. »

— Le doux et charmant Maurice Leblanc, le créateur d’Arsène Lupin, écrit un conte où une mère fait tuer d’un coup de fusil son mari par son petit