Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/199

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Et tout cela aboutit à un contraste énorme et comique. Ce patriote blindé, cet assoiffé de sang allemand, se trouve être le grand collaborateur des journaux allemands. Car ils s’emparent de ses critiques. Nul ne leur fournit autant de copie. Le journal publié, en France envahie, par les Allemands, reproduit soigneusement ses articles.

— Un être odieux, en régime de vie chère, c’est le gros intermédiaire, qui profite froidement, grassement, de la guerre. C’est le boucher en gros, qui ne veut pas que la ville ou l’État taxe la viande, et à qui on est obligé de faire une guerre timide, oblique, en lâchant sur le marché de la viande frigorifiée qui fera concurrence et abaissera peut-être les cours… Oh ! cet effroyable et cupide égoïsme, en contraste avec tout ce qu’on demande aux petits soldats, aux mères…

— Le syndicat des constructeurs d’autos de Lyon a mis en interdit le pacifiste Ford. Cette haine de la paix se trouve servir leurs intérêts, puisque Ford inonde de ses autos tous les marchés du monde.

— Un journal hollandais remarque que les socialistes des pays neutres, ceux des Alliés, ceux des Empires Centraux, ont tenu respectivement un Congrès depuis la guerre. Et ces trois Congrès se sont trouvés d’accord sur quatre points :

1o Principe des nationalités. 2o Modernisation de la diplomatie. 3o Arbitrage obligatoire. 4o Limitation des armements.

Qu’on y ajoute deux idées : étatisation des industries de guerre, pas d’annexion, et on aura un programme d’ensemble. Sera-ce de cette naissante conformité de vues que sortira la paix ?

— Une affreuse et déconcertante cruauté continue de régner, au nom du patriotisme, chez ceux qui