Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/216

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fils tué. Eh bien, ils supportaient ça allègrement, disant que c’était la guerre… »

— Le député Cadenat dit à la Chambre qu’on fait boire de l’alcool aux soldats avant l’assaut. C’est exact ; tous le disent. « Phrase impie », s’indigne un rédacteur d’Excelsior.

— Pour l’anniversaire de son mariage, Mme  B… reçoit une dépêche de sa belle-mère, qui est Suisse et qui lui souhaite « la paix et le retour du bonheur ». Cette phrase, lue tout haut, glace l’auditoire.

— On a mis en circulation ce pastiche de Hugo :

La guerre avait deux ans. Paris remplaçait Sparte.
Déjà Joffre faisait regretter Bonaparte.

— Le dogme réactionnaire exposé par un chauvin. Sa plus grande frayeur, c’est la paix boiteuse, qui ramènerait la guerre prochainement (et comme il a un fils de 14 ans, n’est-ce pas…). Tout le monde est de son avis là-dessus. Je suis, paraît-il, le seul qui ose douter et prétendre qu’on ne sait pas ce que sera l’avenir. Naturellement, c’est l’Allemagne seule qui a provoqué la guerre. Le réveil national n’y est pour rien, ni les Anglais, ni les Russes. Si nous ne triomphons pas, c’est la faute aux socialistes, qui prêchèrent le désarmement, le pacifisme et empêchèrent la préparation. Aussi, finis, les socialistes. Est-ce que les journaux conservateurs ne sont pas seuls à avoir de gros tirages, du succès ? Les vrais profiteurs, ce sont les syndicalistes, qui ont casé leur clientèle ouvrière à l’abri, dans les usines, avec de gros salaires.

— Le 10. Visite à la Sûreté Générale. On me donne des renseignements d’ensemble sur les mouvements pacifistes. Je parcours le dossier sommaire de ces tentatives. Ce sont surtout des réunions syndicales