Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/265

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trop d’indignation. Trois députés seulement refusent de voter les crédits.

— Pourquoi n’a-t-on pas mis de honte autour de la guerre, comme autour des autres actes qui nuisent à l’espèce, tels que l’onanisme et le suicide ? Pourquoi n’a-t-on pas élevé autour d’elle les mêmes barrières de réprobation qu’autour de ces autres menaces ? Sans doute, des instincts plus forts encore que l’instinct de défense l’ont emporté : le vertige vaniteux d’être le premier, d’être le plus puissant, le vainqueur, de mépriser le danger, le goût de la lutte, bref tout ce qui sursaute d’enthousiasme dans la bête humaine, devant les mots et les emblèmes belliqueux.

— On prête aussi à Briand ce propos : « On illuminera le 14 juillet. »

— Le 27. Une vague d’espoir extraordinaire déferle. L’offensive anglaise, devinée depuis le samedi 24 par le communiqué anglais, par une visite de Briand au front anglais, a déchaîné ce cyclone. Une fois de plus, on attend, on veut croire. Le succès de l’offensive russe ajoute à l’optimisme. On a oublié l’exemple de Verdun. On dit : « Pourquoi pas ? » Les articles de journaux s’appellent : Hallali… Lutte finale… Le commencement de la fin… Messieurs les Anglais, tirez les derniers.

— La guerre ? Une sélection à l’envers, qui supprime l’élément jeune et fort.

— Les soldats ont la haine du gendarme. Ils en auraient pendu six à Verdun à des crocs de boucher.

— Tout est absurde dans l’absurde. Les journaux disent : « Deux ans de guerre, ce n’est rien pour un tel bouleversement. N’y a-t-il pas eu la guerre de 7 ans, de 30 ans, de 100 ans ? etc. » Encore un coup,