Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/268

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émouvant qu’il ne signifie rien, agissent sur l’opinion.

Le moral des soldats, toujours d’après R…, serait plus inquiétant que celui de l’arrière. Un bataillon vient de se révolter en Champagne. Ce n’est pas au feu, où la vanité et l’ivresse agissent, mais au repos, que le mécontentement éclate.

— Le 4. Cruppi a déjeuné ce jour à Amiens avec Joffre et Foch. Enthousiasme classique de ces sortes de déjeuners : admirable préparation, minimum de pertes, longs espoirs, prochaine attaque plus à l’Est, etc. Confirmation que les Anglais sont très éprouvés.

— Le 4. Première séance secrète du Sénat. Debière et Roques parlent. On estime qu’il y aura à peine 30 voix contre le Gouvernement.

— Le docteur Jean L… revient du front. Il dit sa stupeur de l’expansion de la prostitution aux armées : dans les villes sous le feu comme Reims, les villes de l’arrière comme Épernay, les villages de repos. Tout le monde s’y met. Une villageoise était si active à l’amour qu’on l’appelait la mitrailleuse. Recrudescence prodigieuse de syphilis.

Anecdote du même : un notaire lyonnais, peu avant la guerre, était menacé de poursuites : on l’avait surpris avec un garçon boulanger. À la guerre, il s’engage, à 50 ans, s’expose, devient sous-lieutenant, reçoit la Légion d’honneur. Qu’adviendra-t-il de lui à la paix ?

Et qu’adviendra-t-il aussi des apaches qui ont la croix de guerre et qui seront arrêtés pour « vagabondage spécial » ?

— Le 5. Avec sa double face anglaise et française, on ne sait ce que donnera cette offensive. À cinq minutes d’intervalle, on vous dit : « Allons, c’est la