— Les prisonniers allemands de Blaye, avec leur jaquette grise, leur feutre mou, leur placidité joyeuse, évoquent des boys-scouts oubliés et vieillis en villégiature.
— Le fils Colson s’est engagé. En un mois, il est devenu un artilleur qui s’étonne de ses prouesses. Le père — régisseur du domaine de Mme Thomson — prononce avec son bon sens champenois : « Et ils disaient qu’il leur fallait trois ans pour faire un soldat ! » Il est certain qu’après la guerre — si l’on peut discuter — cet argument des classes parfaitement dressées en trois mois servira aux partisans d’un service réduit.
— Qui paye les 18.000 francs[1] d’un général ? La nation. Et l’ignorance méprisante du militaire quant au civil en prend un caractère assez choquant.
— Clemenceau a un secrétaire, Mandel, auquel on prête une grande influence sur son patron. Celui-ci, qui la nie, s’en plaint drôlement : « Quand Mandel pète, on m’accuse d’avoir mangé des haricots. »
— Les partisans de la guerre sont dans l’extase, la jouissance. Au lendemain d’un raid de zeppelins sur Londres, il y en a un qui s’écrie dans l’Écho de Paris, dans une sorte d’éréthisme patriotique : « Comme demain sera beau et toujours plus glorieux ! »
— Au 3 novembre, le directeur de l’aéronautique et son adjoint envisagent une prochaine invasion de dirigeables sur Paris.
— Communiqué anglais du 5 novembre : « Nous fîmes des ennemis, au cours d’une excellente contre-attaque, un prodigieux massacre. »
— Difficile d’établir la vérité historique. Au cours du deuxième voyage à Paris de Poincaré, les uns
- ↑ Il s’agit de francs-or, une fois pour toutes.