Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/43

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galant, reconquérir une chaste réputation. Je lui dis que c’est une entreprise encore plus difficile que la Fédération des Gauches (un groupement avorté, qui s’orientait nettement, malgré son titre, vers la Droite). Il a un sourire flatté.

— Parmi les dangers du pouvoir militaire, il faut signaler le cas des vieux officiers retraités qui commandent les régions et qui donnent souvent carrière à leurs sentiments cléricaux. C’est ainsi qu’ils réquisitionnent les écoles laïques et laissent rouvrir les écoles « libres », c’est-à-dire religieuses.

— De Mme  Cruppi. À Luchon, 2.000 blessés n’eurent pas de chirurgien pendant trois semaines. L’avocat Labori avait fait déplacer le titulaire, qui opérait avec une petite lame aiguisée chez le serrurier.

— L’Angleterre et l’Allemagne publient des listes de morts et de blessés. La France de la Révolution, du Progrès, du Droit, de la Liberté, la reine des Nations, garde le silence.

— Nul ne sait qui est la Censure.

— Un soir, Mme  X… éclate en sanglots. Elle pense au départ de la classe 1914, de cette jeunesse jetée à la mort. Et, dans l’ordinaire de la vie, elle veut envoyer l’univers entier au front.

— Au Conseil des ministres, on consacre environ une heure un quart à la lecture des dépêches diplomatiques, trois quarts d’heure aux dépêches militaires. Puis viennent les finances, les travaux publics, le commerce.

— Quand les Allemands reprennent Dixmude (11 novembre), le communiqué parle de ce village (5.000 habitants}.

— On me dit souvent que le Français pille. Dans les tranchées, on voit des abris faits de boiseries