Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/86

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— Comme on exprimait devant Painlevé la crainte que les soldats, à la paix, n’eussent contracté des habitudes de paresse, il dit : « Oui, ils auront un poilu dans la main. »

— Le 28. Joffre a d’autres soucis encore que celui de la victoire. Il écrit au Conseil des ministres pour protester contre la suppression d’un journal suisse hostile à Caillaux. Ce journal contait que le remaniement ministériel où sombre Messimy fut destiné à éliminer les ministres favorables à la paix, qui tous étaient des créatures de Caillaux. Les éliminés s’indignent.

— On se rappelle que Doumer fut rudement éconduit du front. On voulut sévir contre cette brutale éviction. Un ministre, au Conseil, proteste : « Après tout, Doumer, il ne faut pas oublier qu’il fut, à la présidence de la République, le candidat de toute la droite. » On évita de regarder Poincaré, dont c’était le cas. Il y eut un silence gêné.

— Titre de feuilleton : L’Enfant de la Guerre.

— Conférence de Wetterlé sur les Alsaciens-Lorrains réunis dans des camps de concentration. Il y en a 15.000. Il demande une amélioration de leur sort et conclut en souhaitant qu’ils ne disent pas un jour : « Nous étions plus heureux sous le joug allemand. »

— Bellicoles : les libraires militaires qui font mouture du Bulletin des armées, des citations, des livres diplomatiques. Bellicoles : les marchands de drap. Quelle effrayante fourniture de « bleu horizon ». Le beau-frère de ma voisine Mme B… avait voulu soumissionner à 6 francs le mètre. On lui dit que le prix offert était de 10 francs. Il offrit 9 fr. 50 et il eut le marché.