Page:L'esprit des femmes de notre temps- par Camille Selden (pseud.). (IA lespritdesfemme00kringoog).pdf/364

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dre espoir, le choléra lui enleva en très-peu de temps son frère préféré, le poète Louis Robert, et la femme de ce dernier, sa belle-sœur, personne jeune encore, et fort belle, celle-là même à qui Henri Heine a adressé quelques-uns de ses sonnets les plus beaux. Elle eut aussi la douleur de perdre son vieil ami, le diplomate Genta, et cela au moment même où la fortune, qui l’avait toujours traité en enfant gâté, lui souriait une dernière fois sous les traits charmants de Fanny Elsler.

Cependant son mari, qui ne la quittait plus, essayait de la distraire par des lectures, et Henri Heine, apprenant qu’on lui ordonnait d’appliquer des feuilles de roses fraiches sur ses yeux enflammés par les larmes, lui envoyait ses premiers poêmes au fond d’une corbeille remplie des plus belles roses. Elle avait toujours beaucoup aimé la Bible, surtout le Nouveau-Testament, dans lequel elle ne pouvait se lasser d’entendre lire l’histoire des souffrances et de la mort de Jésus-Christ. Un jour, se sentant faible, elle prit la main de son mari, et la serrant contre son cœur, le regarda et lui dit ; « Je vais mieux, mon ami, je viens de penser longuement à Jésus, et il me