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L'HOMME, CET INCONNU

la machine, de substances activant la combustion, et même de la pensée du mécanicien. Il est évident que les tissus ne peuvent pas se nourrir uniquement des substances qui traversent la muqueuse intestinale. Ces substances doivent être remaniées par les glandes. Et c’est grâce à ces glandes que l'existence de l’ensemble de l'organisme devient possible.

Le corps vivant est avant tout un processus nutritif. Il consiste en un mouvement incessant de substances chimiques. Il est comparable à la flamme d’un cierge, ou aux jets d’eau qui s'élèvent au milieu des jardins de Versailles. Ces formes, à la fois permanentes et temporaires, dépendent d’un courant de gaz ou de liquide. Comme nous, elles se modifient suivant les changements de la qualité et de la quantité des substances qui les animent. Nous sommes traversés par un grand fleuve de matière qui vient du monde extérieur et y retourne. Mais pendant son passage, cette matière cède aux tissus l'énergie dont ils ont besoin, et aussi les éléments chimiques dont se forment les édifices transitoires et fragiles de nos organes et de nos humeurs. Le substratum corporel de toutes les activités humaines vient du monde inanimé, auquel, tôt ou tard, il retourne. Il est fait des mêmes éléments que les êtres non vivants. Il ne faut donc pas nous étonner, comme le font encore certains physiologistes modernes, de trouver en nous-mêmes es lois de la physique et de la chimie, telles qu’elles existent dans le monde extérieur. Il serait incroyable que nous ne les y rencontrions pas.