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L'HOMME, CET INCONNU

autres sociétés. En outre, ce vaste ensemble est placé sous la domination d’un centre cérébral unique. Silencieusement, ce centre envoie ses ordres dans toutes les régions du monde organique. Il fait du cœur, des vaisseaux, des poumons, de l'appareil digestif, et de toutes les glandes endocrines, un tout, où se confondent les individus morphologiques.

En réalité, l'hétérogénéité de l'organisme est produite par la fantaisie de l'observateur. Pourquoi identifier un organe à ses éléments histologiques plutôt qu'aux substances chimiques sécrétées par lui ? À l'anatomiste, les reins apparaissent comme deux glandes distinctes. Au point de vue physiologique, cependant, ils sont un seul être. Si on extirpe l'un d'eux, l'autre s’hypertrophie. Un organe n’est pas limité par sa surface. Il s'étend aussi loin que les substances qu’il sécrète. En effet, son état structural et fonctionnel dépend de la rapidité avec laquelle ces substances sont utilisées par les autres organes. Chaque glande se prolonge par ses sécrétions internes dans le corps entier. Supposons que les substances déversées dans le sang par les testicules soient bleues. Le corps entier du mâle serait bleu. Les testicules seraient colorés de façon plus intense. Mais leur couleur spécifique se répandrait dans tous les tissus et tous les organes, même dans les cartilages des extrémités des os. Le corps nous apparaîtrait alors comme formé d’un immense testicule. En réalité, l'étendue spatiale et temporelle de chaque glande est égale à celle de l'organisme entier. Un organe est constitué aussi bien par son milieu intérieur que par ses éléments anatomiques. Il est fait à la fois de cellules spécifiques et d’un milieu spécifique. Et ce milieu s’étend bien au delà de la frontière anatomique. Quand on réduit le concept d’une glande