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XIV

FRAGILITÉ ET SOLIDITÉ DU CORPS. — LE SILENCE DU CORPS PENDANT LA SANTÉ. — LES ÉTATS INTERMÉDIAIRES ENTRE LA MALADIE ET LA SANTÉ.

Notre corps est d’une grande solidité. Il s’accommode de tous les climats, de la sécheresse, de l’humidité, du froid des régions polaires, de la chaleur tropicale. Il supporte également la privation de nourriture, les intempéries, les fatigues, les soucis, le travail excessif. L'homme est le plus résistant de tous les animaux. Et la race blanche, qui a construit notre civilisation, est la plus résistante de toutes les races. Cependant, nos organes sont fragiles. Ils se déchirent au moindre choc. Ils se désintègrent dès que la circulation s'arrête. Le cerveau s'écrase sous une légère pression du doigt. Cette opposition entre la solidité et la fragilité de l'organisme est, comme la plupart des antithèses que nous rencontrons en biologie, une illusion de notre esprit. Elle résulte de la comparaison inconsciente que nous faisons toujours de notre corps à une machine. La solidité d’une machine dépend de celle du métal dont elle est construite, et de la perfection de son montage. Mais celle d’un être vivant est due à des causes différentes. Elle vient surtout de l'élasticité des tissus, de leur ténacité, de leur propriété de se reproduire au lieu de s’user, du pouvoir étrange que possède l'organisme, de faire face à une situation nouvelle par des change-

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