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L'HOMME, CET INCONNU

lement vraie. La pensée peut engendrer des lésions organiques. L'instabilité de la vie moderne, l'agita- tion incessante, le manque de sécurité créent des états de la conscience qui entraînent des désordres nerveux et structuraux de l'estomac et de l'intestin, de la dénutrition et le passage des microbes intesti- naux dans la circulation. Les côlites et les infections des reins et de la vessie qui les accompagnent sont le résultat éloigné de déséquilibres mentaux et mo- raux, Ces maladies sont presque inconnues dans les groupes sociaux où la vie est demeurée plus simple et moins agitée, où l'inquiétude est moins constante. De même, ceux qui savent garder le calme intérieur, au milieu du tumulte de la Cité moderne, restent à l'abri des désordres nerveux et viscéraux.

Les activités physiologiques doivent rester incons- cientes. Elles se troublent quand notre attention se dirige sur elles. Aussi la psychanalyse, en fixant l’es- prit des malades sur eux-mêmes, a-t-elle parfois le résultat de les déséquilibrer davantage. Il vaut mieux, pour se bien porter, sortir de soi-même grâce à un effort qui ne disperse pas l'attention. C’est quand on ordonne son activité par rapport à un but précis que les fonctions mentales et organiques s’harmonisent le plus complètement, L'unification des désirs, la ten- sion de l'esprit dans une direction unique, donnent une sorte de paix intérieure. L'homme se concentre par la méditation aussi bien que par l’action. Mais il ne lui suffit pas de contempler la beauté de la mer, des montagnes et des nuages, les chefs-d'œuvre des artistes et des poètes, les grandes constructions de la pensée philosophique, les formules mathématiques qui expriment les lois naturelles. Il doit aussi être l’âme qui lutte pour atteindre un idéal moral, qui cherche la lumière au milieu de l'obscurité des choses,