Page:L'homme, cet inconnu.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
218
L'HOMME, CET INCONNU

chauffage, l'aération et l'éclairage des maisons, ni l'hygiène alimentaire, ni les salles de bain, ni les sports, ni les examens médicaux périodiques, ni la multiplication des spécialistes n’ont pu ajouter un jour à la durée maximum de l'existence humaine. Devons-nous supposer que les hygiénistes et les chi- mistes physiologistes se sont trompés dans l’organi- sation de la vie de l'individu, comme les politiciens, les économistes et les financiers dans celle de la vie de la nation? Il se peut, après tout, que le confort moderne et le genre de vie adopté par les habitants de la Cité nouvelle violent certaines lois naturelles. Cependant, un changement marqué s’est produit dans l'aspect des hommes et des femmes. Grâce à l'hygiène, à l'habitude des sports, à certaines restric- tions alimentaires, aux salons de beauté, à l’activité superficielle engendrée par le téléphone et l’automo- bile, chacun garde un aspect plus alerte et plus vif. A cinquante ans, les femmes sont encore jeunes. Mais le progrès moderne nous a donné en même temps que de l'or beaucoup de fausse monnaie. Quand les visages relevés et tendus par Je chirurgien s’effondrent, quand les massages ne suffisent plus à réprimer l'envahissement de la graisse, celles qui ont gardé si longtemps l'apparence de la jeunesse deviennent pires qu'étaient, au même âge, leurs grand’mères. Les pseudo jeunes hommes, qui jouent au tennis et dansent comme à vingt ans, qui se débarrassent de leur vieille femme pour épouser une jeune, sont exposés au ramollissement cérébral, aux maladies du cœur et des reins. Parfois aussi, ils meurent brusquement dans leur lit, dans leur bureau, sur le champ de golf, à un âge où leurs ancêtres conduisaient encore la charrue, ou dirigeaient d’une main ferme leurs affaires. Nous ne connaissons pas