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Page:L'homme, cet inconnu.djvu/250

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L'HOMME, CET INCONNU

l'Église de Rome a compris que la marche de l'humanité est très lente, que le passage d'une génération n'est, dans l'histoire du monde civilisé, qu'un événement insignifiant. Quand on envisage les questions qui intéressent l'avenir des grandes races, la durée de l'individu est une unité défectueuse de mesure temporelle. L'avènement de la civilisation scientifique rend indispensable une remise au point de toutes les questions fondamentales. Nous assistons à notre faillite morale, intellectuelle et sociale. Nous n'en saisissons qu’incomplètement les causes. Nous avons nourri l'illusion que les démocraties pouvaient survivre grâce aux efforts courts et aveugles des ignorants. Nous voyons qu'il n’en est rien. La conduite des nations par des hommes, qui évaluent le temps en fonction de leur propre durée, mène, comme nous le savons, à un immense désarroi et à la banqueroute. Il est indispensable de préparer les événements futurs, de former les jeunes générations pour la vie de demain, d'étendre notre horizon temporel au delà de nous-mêmes.

Au contraire, dans l'organisation des groupes sociaux transitoires, tels qu’une classe d’enfants, ou une équipe d'ouvriers, il faut tenir compte du temps physiologique. Les membres de chaque groupe doivent nécessairement fonctionner au même rythme. Les enfants d’une même classe sont obligés d’avoir une activité intellectuelle à peu près semblable. Les hommes qui travaillent dans les usines, les banques, les magasins, les universités, etc., ont tous une certaine tâche à accomplir dans un certain temps. Ceux dont l’âge ou la maladie ont fait décliner les forces gênent la marche de l'ensemble. Jusqu'à présent, c’est l’âge chronologique qui détermine la classification des enfants, des adultes et des vieillards. On