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CHAPITRE VI
LES FONCTIONS ADAPTIVES
I
LES FONCTIONS ADAPTIVES.

Il y a une opposition frappante entre la durabilité de notre corps et le caractère transitoire de ses éléments. L'être humain se compose d’une matière molle, altérable, susceptible de se décomposer en quelques heures. Cependant, il dure plus longtemps que s’il était fait d’acier. Non seulement il dure, mais il surmonte sans cesse les difficultés et les dangers du milieu extérieur. Il s’accommode, beaucoup mieux que les autres animaux, aux conditions changeantes du monde. Il s’obstine à vivre malgré les bouleversements physiques, économiques, et sociaux. Cette persistance est due à un mode très particulier de l'activité de nos tissus et de nos humeurs. Le corps se moule en quelque sorte sur les événements. Au lieu de s’user, il change. À chaque situation nouvelle, il improvise un moyen de faire face. Et ce moyen est tel qu'il tend à rendre maximum notre durée. Les processus physiologiques, substratum du temps intérieur, s’infléchissent toujours dans une même direction, celle qui mêne à la plus longue survie de l'individu. Cette fonction étrange, cet automatisme vigilant,

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