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Page:L'homme, cet inconnu.djvu/366

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L'HOMME, CET INCONNU

notre pensée embrasse tous les aspects de la réalité. Au lieu d’abandonner les résidus des abstractions scientifiques, nous utiliserons à la fois résidus et abstractions. Nous n’accepterons pas la supériorité du quantitatif, de la mécanique, de la physique et de la chimie. Nous renoncerons à l'attitude intellectuelle enfantée par la Renaissance et à la définition arbitraire qu’elle nous a donnée du réel. Mais nous garderons toutes les conquêtes que l'humanité a faites grâce à elle. L'esprit et les techniques de la science sont notre bien le plus précieux.

Il sera difficile de nous débarrasser d’une doctrine qui, pendant plus de trois cents ans, a dominé l’intelligence des civilisés. La plupart des savants ont foi en la réalité des Universaux, au droit exclusif du quantitatif à l'existence, à la primauté de la matière, à la séparation de l'esprit et du corps et à la situation subordonnée de l'esprit. Ils ne renieront pas facilement ces croyances. Car un tel changement ébranlerait jusque dans leurs fondations la pédagogie, la médecine, l'hygiène, la psychologie et la sociologie. Le petit jardin, que chacun cultive facilement, se transformerait en une forêt qu'il faudrait défricher. Si la civilisation scientifique quittait la route qu’elle suit depuis la Renaissance et revenait à l'observation naïve du concret, des événements étranges se produiraient aussitôt. La matière perdrait sa primauté. Les activités mentales deviendraient les égales des physiologiques. L'étude des fonctions morales, esthétiques et religieuses apparaîtrait comme aussi indispensable que celle des mathématiques, de la physique et de la chimie. Les méthodes actuelles de l'éducation sembleraient absurdes. Les écoles et les Universités seraient obligées de changer leurs programmes. On demanderait aux hygiénistes pourquoi