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NÉCESSITÉ DE NOUS CONNAÎTRE NOUS-MÊMES

Nous ne possédons pas de technique capable de nous introduire dans les mystères du cerveau et de l’harmonieuse association de ses cellules. Notre esprit, qui aime la sobre beauté des formules mathématiques, se trouve égaré au milieu du mélange prodigieusement complexe de cellules, d’humeurs, et de conscience, qui constitue l’individu. Il essaye alors d’appliquer à celui-ci les concepts appartenant à la physique, à la chimie et à la mécanique, ou aux disciplines philosophiques et religieuses. Mais il y réussit mal, car nous ne sommes réductibles ni à un système physico-chimique, ni à un principe spirituel. Certes la science de l’homme doit utiliser les concepts de toutes les autres sciences. Cependant, il est impératif qu’elle développe les siens propres. Car elle est aussi fondamentale que la science des molécules, des atomes et des électrons.

En résumé, la lenteur du progrès de la connaissance de l’être humain, par rapport à la splendide ascension de la physique, de l’astronomie, de la chimie et de la mécanique, est due au manque de loisirs, à la complexité du sujet, à la forme de notre intelligence. De telles difficultés sont trop fondamentales pour qu’on puisse espérer les atténuer. Nous aurons toujours à les surmonter au prix d’un grand effort. Jamais la connaissance de nous-mêmes n’atteindra l’élégante simplicité et la beauté de la physique. Les facteurs qui ont retardé son développement, sont permanents. Il faut clairement réaliser que la science de l’être humain est, de toutes les sciences, celle qui présente le plus de difficultés.