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L'HOMME, CET INCONNU

pas de discours. Ils ne publieraient pas de livres. Ils se contenteraient de contempler les phénomènes économiques, sociaux, psychologiques, physiologiques et pathologiques, manifestés par les nations civilisées et les individus qui les constituent. Ils suivraient attentivement la marche de la science, l'influence de ses applications sur nos habitudes de vie. Ils essayeraient de découvrir comment moule la civilisation moderne sur l’homme sans étouffer ses qualités essentielles. Leur méditation silencieuse protégerait les habitants de la Cité nouvelle contre les inventions mécaniques qui sont dangereuses pour leurs tissus ou pour leur esprit, contre les adultérations de la pensée aussi bien que des aliments, contre les fantaisies des spécialistes de l'éducation, de la nutrition, de la morale, de la sociologie, contre tous les progrès inspirés, non par les besoins du public, mais par l'intérêt personnel ou les illusions de leurs inventeurs. Elle empêcherait la détérioration organique et mentale de la nation. À ces savants il faudrait donner une position aussi élevée, aussi libre des intrigues politiques et de la publicité que celle des membres de la Cour Suprême. À la vérité, leur importance serait beaucoup plus grande encore que celle des juristes chargés de veiller sur la Constitution. Car ils auraient la garde du corps et de l'âme d'une grande race dans sa lutte tragique contre es sciences aveugles de la matière.