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Page:L'homme, cet inconnu.djvu/387

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LA RECONSTRUCTION DE L'HOMME

fait de mauvaises affaires, ou ont végété toute leur vie dans des situations inférieures. Ces potentialités sont absentes généralement dans les familles de paysans habitant depuis des siècles la même ferme. Cependant de tels milieux jaillissent parfois des artistes, des poètes, des aventuriers, des saints. Une famille de New-York, dont les membres sont connus pour leurs brillantes qualités, vient de paysans qui cultivèrent le même morceau de terre dans le sud de la France depuis l'époque de Charlemagne jusqu’à celle de Napoléon.

La force et le talent peuvent apparaître brusquement dans des familles où ils ne se sont jamais montrés. Des mutations se produisent chez l’homme comme chez les autres animaux et chez les plantes. On rencontre, même chez les prolétaires, des sujets capables d’un haut développement. Mais ce phénomène est peu fréquent. En effet, la répartition de la population d’un pays en différentes classes n’est pas l'effet du hasard, ni de conventions sociales. Elle a une base biologique profonde. Car elle dépend des propriétés physiologiques et mentales des individus. Dans les pays libres, tels que les États-Unis et la France, chacun a eu, dans le passé, la liberté de s'élever à la place qu'il était capable de conquérir. Ceux qui sont aujourd’hui des prolétaires doivent leur situation à des défauts héréditaires de leur corps et de leur esprit. De même, les paysans sont restés volontairement attachés au sol depuis le moyen âge, parce qu’ils possèdent le courage, le jugement, la résistance, le manque d'imagination et d’audace qui les rendent aptes à ce genre de vie. Les ancêtres de ces cultivateurs inconnus, amoureux passionnés du sol, soldats anonymes, armature inébranlable des nations d'Europe étaient, malgré leurs grandes qua-