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L'HOMME, CET INCONNU

la vitesse, du changement incessant. Mais il dégénère quand il satisfait complètement cette tendance. Il doit donc s’habituer à dominer sa faim, son besoin de sommeil, ses impulsions sexuelles, sa paresse, son goût des exercices musculaires, de l'alcool, etc. Trop de sommeil et de nourriture sont plus dangereux que trop peu. C’est d’abord par le dressage et ensuite par l'addition progressive du raisonnement aux habitudes du dressage qu’on forme des individus aux activités équilibrées et puissantes.

La valeur de chacun dépend de sa capacité de faire face, sans effort et rapidement, à des situations différentes. C’est par la construction de nombreux réflexes, de réactions instinctives très variées, qu’on atteint ce résultat. Les réflexes sont d'autant plus aisés à établir que l'individu est plus jeune. L'enfant est capable d’accumuler en lui de vastes trésors de réflexes utiles. On le dresse facilement, plus facilement que le plus intelligent des chiens de berger. On peut l’entraîner à courir sans se fatiguer, à tomber comme un chat, à grimper, à nager, à se tenir et à marcher de façon harmonieuse, à observer exactement ce qui se passe autour de lui, à se réveiller vite et complètement, à parler plusieurs langues, à obéir, à attaquer, à se défendre, à se servir adroitement de ses mains pour une grande variété de travaux, etc. Les habitudes morales se créent de façon identique. Les chiens eux-mêmes apprennent à ne pas voler. L’honnêteté, la franchise, le courage doivent être développés par les procédés employés dans la construction des réflexes, c’est-à-dire, sans raisonnement, sans discussion, sans explication. En un mot, l’enfant doit être conditionné.

Le conditionnement, suivant la terminologie de Pavlov, n’est autre que l'établissement de réflexes